Mes amies sans enfant... j'peux pu...


J’ai désiré chacun de mes quatre enfants. Je les ai désiré et attendu. Évidemment, l’adoption et la fertilité amènent une attente de plus qu’une grossesse biologique simple, c’qui fait que j’les ai attendu et voulu encore plus longtemps.

 

Aujourd’hui j’ai quatre beaux enfants, t’sé le modèle ave du gaz pis ben du caractère…. Je suis tellement heureuse d’avoir cette belle grande famille plein d’énergie. Ma maison est remplie d’enfants, d’amour, de bonheur et de ménage à faire.

 

J’mentierais si j’disais que j’m’ennuie jamais du temps où j’avais pas d’enfant... y’a des moments où j’aimerais être insouciante comme avant d’avoir des enfants. Qui se souvient de l’insouciance? T’sé l’insouciance de l’épicerie pas faite, l’insouciance du manque de sommeil parce qu’on pouvait dormir quand on voulait… l’insouciance de l’argent, parce que la seule dépense c’était nous… et l’insouciance de la santé, pourquoi s’en préoccuper quand t’es jeune et sans enfant?

 

Maintenant que j’ai trois petits, l’insouciance ne fait plus partie de ma vie. Genre pu pentoute. T’as aucune idée à quel point ma vie est le contraire de l’insouciance. L’antonyme de l’insouciance c’est moi. La charge mentale de la maison, l’anxiété qu’il arrive de quoi à mes p’tits, les pensées intrusives « si jamais ça ça arrivait… ».. la peur de la maladie, bref ZÉRO insouciance.

 

Même si j’sors souper avec des amies, sans enfant, dans ma tête mes p’tits sont toujours là. Mon ménage et mes taches du lendemain sont là. Le Tylenol à donner au p’tit dernier ou les cheveux à laver de la plus grande, TOUT EST TOUJOURS DANS MA TÊTE.

 

La marmaille et tout ce que ça implique reste là, dans ma tête, m’empêchant de sombrer dans l’insouciance « d’avant d’être maman ». J’te jure. Quelques minutes d’insouciance à discuter avce mes chumes de filles pis PAF je me rappelle que c’est l’oral de mon enfant sur la loutre des rivière dans deux jours et que j’ai oublié de faire aiguiser les patins pour le tournoi de hockey d’en fin de semaine… Impossible d’exagérer avec le vin comme j’le faisais avant de devenir mère.

Quoi qu’y m’semble que ça m’aiderait à oublier…

Mes amies sans enfant, elles, m’incitent dans le vice: « Aouèye dont, un autre p’tit verre! On a du fun là!! »

Ça m’tente comme pu de prendre un petit verre de trop et d’affronter le lendemain matin avec un mal de tête de la mort. Surtout que plus que j’vieillis moins le trio tylenol-advil-gatorade marche pu comme avant contre le hangover.  Même si c’est ben l’fun prendre des shooters.

 

A chaque gorgée j’pense à mes enfants, à la nuit qui s’ra peut-être même pas complète, aux taches du matin… au lendemain qui arrive toujours un peu trop vite. J’me laisse plus aller comme avant. J’pu capable! J’raisonne beaucoup plus. Pas question de prendre des décisions irréfléchies ou sur un coup de tête. Voyons, c’était dans l’temps de l’insouciance ça!

 

J’suis devenue incapable d’aller à une sortie avec mes chumes de filles à la dernière minute. Pour avoir uen chance que j’y aille faut qu’elles m’avisent deux mois d’avance, que je commence à m’organiser 3 semaines avant, que je me prépare mentalement deux semaines avant, que 6 jours avant j’commence à planifier ma journée de lavage de cheveux pis qu’est ce que j’vais mettre pis si personne tombe malade j’vais être là avec une heure de retard.

Y’en a qui disent « Franchement, deux mois à l’avance! »

Deux mois pour m’assurer que mon chum va être à maison, me trouver du linge potable, dormir 5 minutes de plus chaque nuit pour être en forme le soir de la sortie et commencer à me faire un brushing... C’est la norme quand t’as de jeunes enfants.

 

Mes amies sans enfant ne comprennent pas que j’aie perdu l’envie de partir ou sortir sur un coup de tête ou que j’refuse les invitations quand j’sais que le lendemain faut j’me lève à 6:30 pour le hockey de mon 7ans à l’autre bout de la ville.

 

Pour elles, j’suis devenue l’amie plate avec trop d’enfants, qui a besoin d’un carton d’invitation pour aller manger avec deux de ses chumes de filles. L’amie qui regarde son cell pour savpoir si ses enfants sont encore en vie à 10 heures le soir pis qui commande un café avant le repas pour etre sure de tuffer jusqu’à 10h15.

 

Elles c’est sur qu’elles comprennent pas ça. Quand t’as pas d’enfant, t’as pas besoin de te réveiller avant midi le dimanche matin. Tu peux aussi te remettre de ta brosse du vendredi tranquillement jusqu’à dimanche en Netflixant et chillant. Au pire tu peux même te commander du Uber pour 48hrs pis ça changera rien dans ton budget…

MAIS PAS MOI!

« Let’s go viens dont pareil, on va s’amuser! Fais pas ta chokeuse là!!! » que ma gang de « sans enfant » m’dit. Tannée de leur dire non j’ai décidé de leur proposer un deal:

« Ok je vais y aller souper et sortir avec toi, je rentre quand TOI tu veux, mais à UNE condition: tu dois dormir chez nous après. »

Toutes mes amies se sont faite prendre une fois. Juste UNE fois.

Comme j’ai pas de chambre d’ami, elles devaient dormir dans une des chambres des enfants... et se faire réveiller à 6:30 pour aller à l’aréna en rotant le Jack Daniel’s. Attacher des patins en mangeant des coups de hockey dans le dos avec la tête qui explose, c’est toujours ben l’fun.

Le pire, c’est qu’après l’aréna, quand y’é même pas encore 10:00 du matin pis elles m'disaient toutes:

« Ok là on va s'recoucher? »

« NO WAY! Quand t’as des p’tits tu te recouches le soir, thats it! Là on s’en va au parc!»

Avant même qu’y soit midi ma gang de sans enfant est semi morte et ressemble à des zombies.

Ce deal de v’nir dormir chez nous après une sortie, pour vivre ce que MOI j’vis après une grosse sortie, a eu du bon.

Maintenant, pu aucune de mes amies n’insistent pour que j’prenne un p’tit verre ou un shooter de plus. Elles ne me harcèlent pu quand j’dis non à une de leur invitation pis finalement elles font maintenant preuve d’empathie face à ma réalité de mère.

 

Des fois, y’a rien comme une immersion dans le monde de maman pour se rendre compte que c’est juste impossible d’oublier notre rôle de Mère. Impossible d’oublier les enfants et nos taches. Ou si tu les oublis entre deux shots tu vas t’en rappeler vite le lendemain matin. Pis tu vas t’en souvenir pour un méchant boutte que t’as une famille à maison

Ça fait parti de notre vie, de ma vie.

Et même si on est heureuse là dedans pis que mes enfants sont toujours dans mes pensées, j’suis heureuse d’avoir des amies sans enfant qui m’obligent à sortir de ma maison pour m’amuser et déconnecter… mais pas trop souvent!


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